Asset Management : Monthly Macro Insights - Mai 2024

Les récents indicateurs suggèrent que le ralentissement de la croissance mondiale au tournant de l'année a peut-être atteint son point bas. Toutefois, les perspectives d'inflation restent incertaines et les dernières données ont ébranlé la confiance des investisseurs concernant un assouplissement significatif des politiques monétaires en 2024.

Mauvaises surprises aux États-Unis…

Depuis le second semestre 2023, la croissance économique mondiale a ralenti et, jusqu'à récemment, s’avérait très inégale. Cependant, la divergence régionale s'est quelque peu atténuée au cours du premier trimestre de l'année 2024.

La croissance du PIB américain a été inférieure aux attentes, enregistrant 1,6 % en rythme annualisé – ou 0,4 % en glissement trimestriel, le rythme le plus faible depuis le printemps 2022. Simultanément, le processus de désinflation marque le pas depuis janvier, avec des augmentations mensuelles des prix à la consommation qui ne sont certainement pas compatibles avec un retour rapide à l'objectif.

En conséquence, le président de la Fed, Jerome Powell, a été contraint de reconnaître lors de la réunion de mai qu'il faudra plus de temps qu’initialement prévu avant d’avoir confiance dans la normalisation de l’inflation.

... mais les investisseurs restent confiants

Dans l'ensemble, les États-Unis ont été confrontés à un mélange inquiétant de ralentissement de l’activité économique et d'accélération de l'inflation au cours de cette première partie de l'année. Pour autant, les marchés financiers ont montré une résilience jusqu'à présent, avec des conditions financières mondiales devenant plus souples ces derniers mois.

Le paradoxe est que, combiné aux politiques fiscales expansionnistes des années passées, cet assouplissement des conditions financières alimente la résilience de l'économie mondiale, et constitue à son tour une raison pour laquelle la vitesse de la descente finale de l'inflation vers les objectifs est très incertaine.

Des politiques monétaires divergentes

Alors que la Fed semble engluer dans un statu quo plutôt long, la BCE a indiqué qu'elle allait vraisemblablement réduire ses taux d'intérêt lors de sa prochaine réunion de politique monétaire du 6 juin si les pressions sur les prix s’avéraient conformes à ses prévisions et que la croissance des coûts salariaux ralentissait. Cependant, le Conseil des gouverneurs est confronté à une équation complexe.

D'une part, les retombées des divergences de politiques monétaires sur les marchés financiers peuvent être significatives, bien que les liens ne soient pas nécessairement simples. Les attentes selon lesquelles la Fed ne réduira pas ses taux expliquent en partie la hausse des rendements des obligations d'État en Europe, ce qui rend plus coûteux les emprunts pour l'achat d'un logement ou l'expansion d'une entreprise. Toutes choses égales par ailleurs, il s'agit d'un vent contraire pour l'économie de la Zone euro, ce qui tendrait à réduire l'inflation.

D'autre part, certains membres de la BCE ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité de poursuivre l'assouplissement après le mois de juin, en raison du risque de dépréciation de l'euro, ce qui augmenterait l'inflation en poussant les prix à l'importation à la hausse. De plus, la Zone euro a surpris par sa croissance et son inflation sous-jacente au cours de la première partie de l'année 2024.

Dans l'ensemble, la croissance de la Zone euro se redresse quelque peu, mais sans signes clairs d'amélioration de la croissance de la productivité, tandis que l'inflation des services reste persistante, une équation compliquée qui pourrait décevoir les investisseurs quant aux perspectives d'assouplissement monétaire de la BCE au-delà de la baisse des taux de juin.

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de Marc-Antoine Collard, Chef Économiste et Responsable de la recherche