Les implications économiques de la biodiversité
La contribution de la biodiversité à l’économie, souvent décrite par les termes « services écosystémiques » ou « capital naturel », est importante et diversifiée.
Elle couvre quatre grandes catégories de services :
- services d’approvisionnement (aliments, fibres, médicaments),
- services de régulation (régulation du climat, contrôle des inondations),
- services de soutien (formation des sols, cycle des nutriments) et
- services culturels (loisirs, valeur esthétique).
Des initiatives comme l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire ou l’Économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB) ont largement documenté cette contribution, faisant ressortir l’influence directe de la santé des écosystèmes sur la prospérité économique et le développement durable. Les conséquences économiques potentielles de la perte de biodiversité sont considérables.
Selon un rapport du Forum économique mondial, plus de la moitié du PIB mondial dépend à différents niveaux de la nature et de ses services, ce qui souligne l'immense risque économique que représente le déclin de la biodiversité.
Cette perte menace la sécurité alimentaire, accroît la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et fait grimper le coût des soins de santé, entre autres conséquences. La préservation de la biodiversité ne constitue donc pas un choix éthique optionnel, mais un impératif économique fondamental.
Par exemple, les forêts ne fournissent pas seulement des ressources comme le bois ou les plantes médicinales. Elles jouent également un rôle crucial dans la séquestration du carbone et la régulation des conditions météorologiques locales, qui sont essentielles pour l'agriculture et l'approvisionnement en eau.
Les abeilles et autres pollinisateurs ont eux aussi un rôle important : ils permettent la fructification de nombreuses cultures et ont un impact significatif sur l'économie agricole. L’absence de pollinisation des cultures entraînerait une réduction de l'offre alimentaire et une augmentation des prix, illustrant le lien économique direct qui existe entre la biodiversité et les activités humaines.
Quand on évoque ce sujet, il est important d’avoir à l’esprit les réalités économiques suivantes :
- Plus de la moitié de la richesse économique créée au niveau mondial – soit 44 000 milliards de dollars ou 52 % du PIB mondial - dépend fortement ou modérément de la nature
- Les économies en forte croissance sont particulièrement exposées à la perte de biodiversité (Inde ou Indonésie, par exemple)
- La Chine, l’UE et les États-Unis sont les économies qui ont le PIB le plus élevé en valeur absolue provenant de secteurs tributaires de la nature (respectivement 2700 milliards de dollars, 2 400 milliards de dollars et 2 100 milliards de dollars)
Sources: World Economic Forum ; OECD iLibrary
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La biodiversité en tant qu’impératif d’investissement
Les opportunités abondent pour ceux qui souhaitent investir dans des pratiques et des technologies durables qui favorisent la préservation de la biodiversité. L'agriculture durable, les infrastructures vertes, le financement de la conservation[1] ou la bioéconomie[2] sont autant de secteurs prêts à recevoir des investissements.
En plus d’offrir un rendement financier, ils contribuent également de manière significative à la résilience écologique.
Cette démarche participe également d’un souci croissant de favoriser la durabilité et la responsabilité sociale dans le monde de l’investissement. Des initiatives telles que les Principes pour l'investissement responsable (PRI) ou le Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures - TNFD) aident les investisseurs à intégrer les aspects de biodiversité dans leurs processus de décision. Cela leur permet non seulement d’atténuer les risques, mais aussi de profiter de la demande croissante de solutions d’investissement durable et responsable.
Intégrer la biodiversité dans le processus d'investissement
Les investisseurs sont encouragés à intégrer les aspects de biodiversité dans leurs stratégies, en évaluant les risques et les impacts de leurs portefeuilles dans ce domaine. Il y a plusieurs manières de le faire :
- cibler certains secteurs,
- dialoguer avec les entreprises pour améliorer leurs performances en matière de biodiversité,
- investir directement dans des projets qui promeuvent l’agriculture de conservation et la gestion durable des terres.
Les régulateurs attachent une importance croissante à la biodiversité, ce qui pousse les investisseurs à s'aligner sur les politiques qui encouragent la conservation et l'utilisation durable des ressources.
En faisant de la biodiversité un aspect important de leur processus d'investissement, les investisseurs peuvent également inciter les entreprises à adopter des pratiques plus durables et contribuer ainsi aux efforts de conservation au niveau mondial. Le dialogue avec les entreprises sur les enjeux liés à la biodiversité favorise la transparence et la responsabilisation, ce qui permet d'améliorer la gestion des risques et les décisions d'investissement.
Un « appel à l’action » pour les investisseurs
Il est important d’agir dès à présent. Les investisseurs ont un rôle crucial à jouer pour préserver la biodiversité de la planète. En intégrant les aspects de biodiversité dans leurs portefeuilles, ils peuvent agir de différentes manières, en encourageant les entreprises à adopter des pratiques plus durables, en influençant les cadres politiques et en contribuant aux efforts mondiaux qui visent à enrayer l'appauvrissement de la biodiversité. Le point de départ consiste à évaluer l'impact de leurs investissements sur la biodiversité et à dialoguer avec les entreprises pour améliorer leurs performances dans ce domaine.
Ces étapes peuvent être accomplies dans le cadre d’une planification stratégique. La banque Rothschild & Co est bien placée pour faciliter et soutenir cette démarche. Voici un aperçu de la manière dont nous l'abordons :